Bonjour Pascal,
Après une collaboration de plusieurs années en pointillé pour Tournesol, tu reviens avec plusieurs histoires et en particulier cette nouvelle série Les Intrépides que l’enfant découvre dans le numéro de cet été. Merci de t'être confié à nos lecteurs.
Je sais que bientôt tu leurs réserveras aussi quelques tuyaux de dessinateurs. Ils sont vraiment gâtés !
Le dessin, tu es tombé dedans à quel âge ?
Très jeune!
A mon age, il n’y avait pas encore internet, et avec mon frère, on lisait beaucoup de BD. Ce qui fait que j’ai très naturellement pris l’habitude de dessiner régulièrement. J’aimais beaucoup ça, c’était pour moi une façon de m’évader, tout autant que de jouer au Lego ou avec les petites voitures.
L’envie de concevoir des bandes dessinées aussi ?
Oui! J’aimais mettre mes personnages en situation et raconter des histoires cases par cases. Il est vrai que la bande dessinée est le moyen le plus accessible et le plus simple pour raconter une histoire en image pour un enfant. Il suffit juste d’avoir un crayon et du papier.
Je pense que j’ai commencé à en faire avant même de savoir ce que c’était que la bande dessinée en fait.
Tu travailles depuis quelques années à plein temps en tant qu’illustrateur. Tu as, entre autres, fais de la bande dessinée pour un journal chrétien italien. As-tu toujours eu envie d’en faire ce métier ?
Oui, depuis que je suis tout petit ! Bien qu’en fait je m’y suis mis assez tard.
Quand j’étais jeune mes parents craignaient que ce ne soit pas prudent de dessiner pour vivre. Alors j’ai fait des études qui n’ont eu aucun rapport avec l’Art. Puis j’ai fait d’autres métiers avant de me mettre un jour, à mon compte. Ca a été un grand pas dans l’inconnu avec des débuts difficiles, mais ça valait le coup.
Pourquoi la Bd et pas autre chose ? Qu’est-ce que tu aimes tout particulièrement dans la Bd ?
En fait, j’aime raconter des histoires et j’aime dessiner. Il existe différents moyens d'atteindre ce but; j’aime beaucoup l’animation par exemple. Quand j’ai été ado, j’étais un grand fan de Disney, c’était l’époque de la Belle et la Bête , du Roi Lion, etc.
Dans ma vie, j’ai même pu travailler sur des petits projets animés. C’est quelque chose qui continue à m’intéresser.
Mais ce qui est fascinant avec la bande dessinée, c’est justement la simplicité de sa réalisation. C’est un langage universel. Je trouve formidable qu’avec seulement quelques coups de crayons, il soit possible de déclencher une émotion ou une réflexion chez quelqu’un.
J’aime d’ailleurs beaucoup les BD muettes sans bulles, ni narrations.
En fait, le dessin est un moyen de communication bien plus ancien que l’écriture.
Et puis, quelle que soit l’évolution technologique que le futur pourrait nous préparer, la bande dessinée ne pourra jamais disparaitre car l’homme utilisera toujours l’image pour communiquer ou transmettre des émotions.
Tu m’as dit travailler toutes tes planches en numérique. Et avant la fin de l’année tu nous réservera un petit making off numérique de l’une d’elles. Pourquoi préfères-tu utiliser ces outils plutôt que des plus traditionnels ?
J’ai constaté qu’avec l’apparition et le développement des outils numériques, deux clans sont apparus: les pour et les contres.
En général, ceux qui ont commencé à dessiner avec les outils traditionnels tels que la bonne vieille feuille blanche et la plume, sont très réfractaires à utiliser la tablette graphique qui a un stylet avec une pointe en plastique. Dessiner sur une surface vitrée, n’apporte pas la même sensation qu’une plume qui gratte sur une feuille de papier.
Les plus jeunes qui ont grandi avec les écrans considèrent les outils traditionnels parfaits, mais pour les dinosaures.
Je ne me sens appartenir à aucun de ces deux clans, ou plutôt j’appartiens aux deux en même temps. J’ai commencé avec le papier et j’ai ensuite plongé dans le numérique.
J’aime très honnêtement les deux, mais il est vrai que pour le travail, je préfère le tout numérique car c’est tout simplement plus rapide et c’est aussi un univers moins impitoyable car j’ai le droit de me tromper à volonté sans devoir tout recommencer. J’ai aussi plus de liberté pour experimenter mon dessin sans craindre de tout gâcher.
Te souviens-tu plus particulièrement d’une personne qui t’aurait donné envie de te lancer dans la bd ?
Une personne m’a bien aidé lorsque j’étais adolescent. Elle m’a justement initié à différentes techniques de dessins et m’a également appris à bien appréhender les choses pour mieux les dessiner.
Les intrépides! Voilà une série pleine de peps ! Tu aimais faire les 400 coups quand tu étais enfant ? Comment cette idée de série a-t-elle germé dans ton esprit créatif ?
Les 400 coups, moi? Oh non pas du tout! J’étais peut être bavard mais j’étais plutôt du genre calme. Le genre d’enfant qui préférait écouter des histoires et dessiner tranquillement dans son coin, plutôt que d’aller jouer au foot sous la pluie.
Pour "les intrépides" on voulait rester dans le même univers que la série "les 109", à savoir, raconter de courtes histoires avec des enfants comme protagonistes. Le côté sportif a été retenu pour proposer quelque chose d’un peu different à ce qui avait été fait auparavant.
T’inspires-tu de personnages ou situations réelles pour travailler tes personnages ou préfères-tu laisser libre cours à ton imaginaire ?
Je crois que même les histoires les plus fantaisistes ont toujours un fondement bien réel.
Il faut que le lecteur puisse ressentir une certaine familiarité avec l’histoire pour qu’elle puisse l’intéresser. Si l’histoire parle d’une frustration, ou d’une quelconque difficulté, le lecteur peut éventuellement l’avoir vécue ou en avoir été témoin.
Ainsi, pour écrire une histoire ou construire un personnage, je m’inspire en général de ce qui se passe autours de moi, des gens que je rencontre ou même de ce que j’ai pu vivre personnellement.
Tu aimes partager ta foi aussi par la BD. En quoi est-elle importante pour toi ? T’aide-t-elle tout particulièrement dans ta vie, dans ton métier ?
Ma relation avec Dieu est un carburant. Sans essence, même les voitures les plus rapides du monde restent parfaitement immobiles.
J’aime dessiner mais je trouve un peu dommage de dessiner pour rien.
Je désire plutôt raconter quelque chose qui puisse aider ou tout simplement faire réfléchir.
Dieu veut tellement nous parler et nous conseiller tous les jours de notre vie. Je pense qu’Il peut le faire également au travers de la bande dessinée.
Car on peut parler de tout au travers de la BD. Par exemple:
Qu’est ce que je dois faire si je suis très en colère contre quelqu’un?
Ou: comment dois je réagir si on a menti à mon sujet?
Et bien je pense que parfois, de petites histoires qui parlent de ce genre choses peuvent avoir beaucoup d’impact auprès d’enfants qui justement se trouvent dans ces situations.
Qu’aimerais-tu dire à un enfant ou à un jeune qui aime dessiner et/ou raconter des histoires ?
Le meilleur conseil que je puisse donner est que pour savoir faire une chose, il suffit tout simplement de la faire. Mais pas qu’une seule fois!
Je recommanderais aux enfants de se procurer un gros carnet à croquis et de toujours sortir avec. Ecrivez des histoires et dessinez tous les jours. Et surtout, ne jetez rien, même ce qui semble raté. Car c’est la seule manière de voir les progrès que vous ferez.
Pour les futurs dessinateurs, n’hésitez pas à essayer aussi de dessiner ce qui est autour de vous: mamie confortablement assise sur son fauteuil préféré, le chaton qui se bat contre la grosse pelote de laine, vos amis qui jouent dehors ou encore des gens qui attendent l’autobus.
Et aux enfants en général ? Car, on a bien sûr tous des passions diverses ?
Je pense qu’il y a une vilaine pensée qui se promène dans la tête de beaucoup d’enfants, et même dans celle des adultes. C’est une pensée, qui en fait, est un très gros mensonge.
Cette pensée est: “Je ne suis pas capable”.
Dans la bible il est écrit dans le livre de la Genèse que l’on a été créé à l’image de Dieu. Or je pense qu’on est tous d’accord si on dit que Dieu n’est pas vraiment un incapable. Du coup, vu que l’on a été créé à son image, il ne serait pas faux de dire que nous sommes tous capables.
Dieu a des grandes idées pour chacun de nous, et Il désire qu’on les réalise, mais si on croit à ce gros mensonge, on risque de ne jamais pouvoir les réaliser.
Si les enfants ont envie de réaliser quelque chose, ils ne doivent pas hésiter à faire le premier pas. Il ne faut surtout pas attendre de “se sentir capable” avant de la faire.
En plus si on a un rêve, il est bien possible que ce soit Dieu qui nous l’ait chuchoté à l’oreille. Ce serait dommage de ne pas se lancer!
Un petit Portrait chinois ?
Si tu étais...
Une couleur ?
Le violet parce que c’est ma couleur préférée, et en plus ça tombe bien parce que j’aime également le bleu et le rouge!
Un animal ?
Un écureuil car j’aime énormément les arbres, et j’aimerais bien y habiter comme Tic et Tac. Parfois quand je vois un écureuil se nicher tout au sommet dans grand chêne, je suis un peu jaloux.
Par contre vous ne le dites à personne, hein ?
Un personnage de Bd ?
Un des schtroumpfs, parce que les albums de Peyo ont accompagné toute mon enfance, ensuite parce que j’aimais bien leur village en plein coeur de la forêt et enfin parce que ce sont des personnages sans super pouvoir qui arrivent à leur fin seulement parce qu’ils s’entraident.
Une gourmandise ?
Un chausson aux pommes, parce que j’aime les pommes et parce que je suis pantouflard.
Un moment de la journée ?
Indiscutablement, le moment du coucher du soleil. C’est le moment où c’est le plus évident de voir que Dieu est un grand artiste.
Une musique ?
Une musique de film. Car c’est le genre de musique qui, quand je ferme les yeux, me raconte des histoires en images.
Un sport ?
Le vélo, parce que j’aime me promener en silence dans la nature.
Un héros ? (fictif ou réel)
Pour moi un vrai héros c’est celui qui n’est pas conscient de l’être, donc je dirais; une personne qui sait faire sourire quelqu’un de malheureux.
Un défi ou un rêve ?
Avoir la possibilité de pouvoir connaitre ce que pensent les gens, ça serait pas mal non? Ca éviterait beaucoup de malentendus.
Une qualité ?
Je n’ai pas peur de réaliser que je peux mieux faire.