Depuis quand connais-tu « Tournesol » ? Pourquoi as-tu eu envie de rejoindre l’aventure « Tournesol » par tes BD ?
Je connais Tournesol depuis que je suis enfant. Il y avait de vieux numéros qui traînaient à l’église qui devaient dater des années 90. J’ai découvert sa version « moderne » du moment (format A5) après mon premier pas avec Jésus en 3e. J’ai abonné mes frères (pour les lire moi aussi hi hi) ainsi que d’autres enfants de mon entourage. Je trouve que c’est une belle manière de transmettre l’évangile et des témoignages parlants.
C’est lors de ma 1e année postbac que j’ai osé envoyer une première planche à Tournesol, encouragée par une amie qui l’avait fait auparavant. Je souhaitais partager les choses que j’apprenais sur ma foi, ma relation à Jésus, ou les questions que je pouvais avoir, les trucs qui « bloquent » etc. Elle est parue dans la catégorie « Artistes en herbe ».
Quelques années plus tard, alors que tout doucement, je redécouvrais des talents enterrés et saisissais un peu mieux l’amour de Jésus pour moi, Philippe Hochet, le rédacteur chef de l’époque, m’a recontactée pour me proposer de faire quelques planches rémunérées (scénario et dessin). Pas tout à fait sûre d’être à la hauteur (« il a dû se tromper de personne »), j’en parle à un ami qui fait de la BD mais qui lui, n’a pas eu les mêmes échos favorables. Je prends donc cette demande comme une grâce de Dieu qui m’étais vraiment destinée (« ah bon, c’est vraiment pour moi !) et commence à proposer quelques planches de la série « Toc toc ».
J’ai beaucoup appris aux côtés de Philippe et de son exigence, et j’aimais bien lui rendre visite (sans prévenir évidemment) dans son « antre » à la LLB de Valence. Il m’a partagé pleins de vieux numéros depuis les débuts de Tournesol et c’était très chouette d’apprendre de son expérience de vie en tant que croyant et dessinateur.
Peux-tu nous dire à quel âge tu as commencé à dessiner ? Puis, à concevoir des BD ?
J’écris et je dessine depuis toute petite ^^. J’aimais concevoir des petits livres avec textes et images que j’offrais la plupart du temps à des membres de ma famille à l’occasion des anniversaires ou autres fêtes.
Pour la BD, ma première planche remonte à la primaire à la suite d’une demande de mon maître d’école. J’ai mis des mois avant d’oser la lui montrer !
Ce sont plutôt dans les années lycée que j’en fais davantage (pour moi), encouragée par l’exemple d’Alain Auderset. Comme un moyen de dialoguer avec Dieu et avec les autres. Certaines de mes méditations très personnelles prennent la forme d’une image, d’un dessin encore aujourd’hui. C’est une façon de prendre du recul avec humour et authenticité sur mes problématiques ou mes découvertes du moment.
La BD, le dessin, en as-tu fait ton métier ? Si non, que fais-tu à côté ?
En partie oui ! Je fais quelques planches ou strips pour des magazines ou accompagner des articles ou le contenu d’ouvrages un peu « sérieux » qui demandent cette petite touche d’humour.
J’illustre également pour des couvertures de livre ou des albums, selon des styles variés. Ce qui me permet de lire des livres avant tout le monde (hé hé !).
Je réalise aussi des petits films d’animation à visée didactique ou pédagogique, selon des styles variés, pour transmettre le message souhaité par le client.
Et puis j’aime écrire, transmettre des histoires à l’occasion de petits événements.
Tu fais de l’animation. Dis-nous ce que tu aimes plus particulièrement lorsque tu mets en scène des clips.
Ce que j’aime ? Le mouvement ! Que l’image prenne vie ! De pouvoir dire à mes proches « aujourd’hui, j’ai fait danser une étoile de mer ! » (chose que tu ne peux techniquement pas faire dans la « vraie » vie !)
Ce petit instant magique où tu repasses en boucle la seconde que tu viens d’animer (en ayant mis plusieurs heures pour ça) !
Expérimenter, tester différentes manières de faire !
Et illustrer des textes, des chants qui font écho pour moi. Très égoïstement, travailler ces textes me travaillent et me permet une réappropriation du contenu, de le faire mien.
Y a-t-il eu une personne clé qui t’a donné envie de te lancer dans la BD ? Et dans l’animation ?
Avec le recul, plusieurs personnes m’ont encouragée par leur parole ou leur exemple à faire de la BD (et à en faire quelque chose) : mon maître d’école, Alain Auderset, Philippe Hochet, les rédacteurs de TaJeunesse, Duf, et tant d’autres. Merci à eux pour leur confiance et leur regard bienveillant.
L’inspiration d’Alain Auderset a été un élément déclencheur, ce déclic entre BD et foi.
Pour ce qui est de l’animation, j’avoue que je ne sais pas comment je me suis retrouvée là-dedans ! Ah si, peut-être mon père qui après la visite d’un studio d’animation avec sa boîte, m’a dit « j’ai pensé à toi, ça t’aurait plu ». Une parole qui tombait à propos pour me réorienter dans mes études, et retrouver des choses que j’aimais : les histoires.
Quels thèmes qui te tiennent à cœur souhaites-tu traiter dans tes BD ?
Vaste question ! Ce que j’apprends de Jésus, sur ma (mauvaise) foi, mes découvertes, mes doutes aussi. Tout ce cheminement pas si linéaire que ça. Mais toujours ce regard aimant et encourageant de Dieu là-dessus. Ces expériences de vie, ces petites scènes du quotidien aussi, pas si banales que ça.
Peux-tu nous donner ton top 3 des albums de BD jeunesse ?
Oh la la, top 3, c’est pas assez !
Alors je vais commencer par l’histoire du grand méchant Renard : le scénario est génialissime (je me prends des fous rire en la lisant) et j’ai une affection particulière pour le style de dessin !
J’aime aussi l’aspect « protéiforme » qu’a pris le projet puisqu’il s’est décliné en film d’animation tout aussi réussi et en BD à scénarios multiples (du style « l’histoire dont vous êtes le héros ») qu’on peut trouver librement sur le web. Une bonne dose de bonne humeur !
Anuki le petit indien est un autre remède au blues : cette série de BD sans paroles (pas besoin de savoir lire) me fait entendre sans problème la bande-son tellement c’est bien fait ! Encore une BD où je ris toute seule ! Le scénario est super et le style du dessin garde un côté un peu « graphite », crayonné, que je trouve très sympa !
L’ours Barnabé est une série de BD plus ancienne, à la ligne claire, plus classique et faussement naïve, qui regroupe des histoires en quelques strips ou planches, au scénario ingénieux, plein de tendresse et de réflexion.
Comment travailles-tu techniquement ces BD ? En numérique ? Sur papier ? Et pourquoi ?
Je suis une touche-à-tout donc j’aime bien expérimenter. En général, je préfère commencer recherches et crayonnés sur papier, parce que je peux le faire n’importe où (dans un parc public ou autre, c’est l’occasion de parler avec les gens).
J’aime bien le stylo bic, l’encrage à la plume et une première colorisation en N/B à l’encre et l’eau. Le plaisir de la matière, des bévues et imprévus, de « sentir » textures et matières sous mes doigts, ma plume ou mon pinceau.
De prendre le temps et ne pas avoir la tête tout le temps dans un écran.
Je peux aussi faire l’encrage et la couleur sur l’ordinateur pour être plus « propre » tout de suite et gagner un peu de temps.
On a eu un petit aperçu de ton processus d’animation dans le numéro 452 à l’occasion de la création du Clip de la chanson « Petit cœur » de Den-isa pour le SEL. En quoi l’animation reste proche de la BD ? Qu’apporte-t-elle de plus ?
La BD et l’animation ont en point commun que les images servent à raconter une histoire et qu’elles peuvent jouer sur des variations d’échelle de plan. Ces deux langages sont aussi riches de différences de styles, de manières de raconter différentes et sensibles.
L’animation se distingue de la BD du fait que les images se suivent les unes après les autres (il n’y a pas à avoir une vision globale de la planche), intègre du son qui peut donc raconter ce que l’image ne dit pas ou renforcer ce qui s’y passe, et qu’elle donne à voir le mouvement.
Qu’aimerais-tu dire à un enfant ou à un jeune qui aime dessiner et/ou raconter des histoires ?
Continue ! Ose, lance-toi, expérimente ! Ne te laisse pas arrêter par les remarques décourageantes ou si tu n’y arrives pas du premier coup.
Il y aura toujours des gens bienveillants et des occasions sur ta route de réessayer, de recommencer. Persévère, ça vaut le coup ! Si ça te procure de la joie et du plaisir, ne te prive pas !
Tu as le droit de garder tes créations pour toi comme un jardin secret, précieux et intime, de choisir ce que tu veux partager et montrer.
Tu peux participer à des concours ou des défis qui vont t’encourager et te faire progresser (même un « échec » est un lieu d’apprentissage !).
Tu peux faire du bien autour de toi par les histoires ou les dessins que tu partages, même si ce n’est pas « parfait ».
Si ça te paraît trop grand, commence petit, par le tout petit truc que tu sais faire, et ça va grandir !
Et aux enfants en général ? Car on a bien sûr tous des passions diverses ?
Vous êtes précieux. Vous avez tous de belles choses à donner et partager qui peuvent faire du bien autour de vous et transformer les cœurs.
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Portrait chinois
Si tu étais...
Une couleur ? Turquoise ou ocre
Un animal ? Un escargot
Un personnage de BD ? Gaston Lagaffe
Une gourmandise ? Du pain perdu !
Un moment de la journée ? Celui où le soleil se couche, surtout en automne.
Une musique ? « Le coq est mort » (c’est un canon)
Un sport ? L’accrobranche, ça compte ? Sinon la natation (loisir hein ! celle où on saute dans l’eau en faisant des bombes !)
Un héros ? Gédéon, ça compte aussi ?
Une qualité ? euh… l’attention ?
Un défi ou un rêve ? Transmettre/rencontrer/être